La méthode du décalage de phase est apparue en 1966 [ ], lorsque P. Carré inventa le procédé pour le comparateur interférentiel du Bureau International des Poids et Mesures (BIPM).
Cette méthode présente l'avantage de ne pas nécessiter l'intervention d'un expérimentateur à partir du moment où on a enregistré les interférogrammes. C'est d'ailleurs pour cela que la méthode est actuellement largement utilisée dans les appareils commerciaux : interféromètre de Fizeau, microscope interférentiel, projection de franges, shearographie, moiré, etc. Les algorithmes de décalage de phase considèrent généralement que la figure de franges est une forme sinusoïdale d'interférences à deux ondes. L'interférogramme s'écrit donc, d'une manière générale en sous entendant les dépendances spatiales et éventuellement temporelles,
où est le dit « décalage de phase ». A partir de cette expression simple, qui contient trois inconnues, ou éventuellement quatre avec selon le degré de connaissance sur , on comprend bien qu'il est nécessaire d'avoir au moins trois équations pour espérer résoudre les inconnues. Ainsi, si on fait varier la valeur de suivant N valeurs, on obtiendra N équations à trois (ou quatre) inconnues que l'on saura résoudre.
Les avantages principaux du décalage de phase sont les suivants :
basse sensibilité au bruit stationnaire dans le domaine dans lequel varie ; par exemple, pour le décalage de phase temporel l'algorithme est insensible aux non uniformités de a et b ainsi que la variation de sensibilité du détecteur d'un pixel à l'autre,
les algorithmes peuvent être utilisés avec des figures de franges très peu contrastées,
l'incertitude sur le résultat est limitée par le rapport signal/bruit de la figure de franges ; les erreurs systématiques peuvent être suffisamment réduites de sorte que c'est le bruit (photon par ex.) qui limitera l'incertitude,
le processus de dépouillement des franges peut être complètement automatisé,
la phase optique est déterminée pour tous les points de l'interférogramme,
la résolution spatiale est élevée car le nombre de points de mesure coïncide avec le nombre de pixels de la caméra d'acquisition d'images,
la puissance de calcul actuellement disponible (PC inclus) permet des temps de calcul inférieurs à 1s.
En fait, la principale limitation des algorithmes vient du calcul de la phase modulo . De plus, le pas minimum des franges d'interférences dans le plan de la matrice de pixels doit être supérieur à 2 pixels par franges.
Les algorithmes de décalage de phase peuvent être classés selon plusieurs critères. Nous suivrons une classification en deux groupes : le plus grand groupe contient les algorithmes que nous nommerons « génériques », obtenus par un procédé systématique. Le second groupe contient les algorithmes dits « spécifiques » qui concernent les algorithmes génériques pour lesquels les hypothèses ne sont plus valable et la phase Δφ n'en n'est pas le résultat direct.[]
Dans le cadre de ce cours, on se focalisera sur les algorithmes génériques.